Quelques mois avant toute nouvelle discussion sur le « plus grand de tous les temps » dans l’histoire du MMA, le commentateur Joe Rogan a rouvert le dossier Khabib Nurmagomedov de manière simple mais explosive : il a suggéré qu’il existe une « astérisque » sur son record invaincu — et que le combat qui mérite cette marque est celui contre Gleison Tibau en 2012.
Ce n’était pas seulement une provocation médiatique, mais une invitation à revisiter un duel vieux de plus d’une décennie et à redéfinir les critères de la grandeur dans l’Octogone.
Qu’a dit Rogan exactement, et pourquoi cela a-t-il provoqué une telle polémique ?
Rogan n’a pas affirmé qu’il existait une preuve officielle modifiant le résultat. Il a plutôt donné son analyse : le combat Khabib–Tibau « était beaucoup trop serré » et, selon lui, Khabib l’a perdu. Par conséquent, son record devrait comporter une défaite. Cette déclaration a relancé le débat, poussant les fans à revoir le combat et à analyser les statistiques qui, à l’époque, n’étaient pas aussi accessibles qu’aujourd’hui.
Les faits : que s’est-il réellement passé à Las Vegas ?
Le combat a eu lieu lors de l’UFC 148 (7 juillet 2012). Verdict officiel : Khabib Nurmagomedov bat Gleison Tibau par décision unanime des juges (30–27 ×3). Ce résultat est resté inscrit jusqu’à sa retraite, annoncée avec un record de 29-0.
Mais les statistiques racontent une autre histoire. Les données montrent que Tibau a touché plus de frappes significatives (28 contre 25), et plus de frappes totales (46 contre 33). Cette légère supériorité a suffi à nourrir la polémique, surtout parmi ceux qui estiment que les frappes efficaces doivent primer sur la simple pression.
Pourquoi tant de divergences d’opinion ?
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Critères d’arbitrage : les juges valorisent aussi le contrôle, l’agressivité et les tentatives de soumission — pas uniquement le nombre de frappes. La pression constante de Khabib a pu peser lourd.
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Les chiffres ne disent pas tout : les statistiques ne reflètent pas toujours la domination au sol ni le contrôle de l’espace.
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Mémoire des fans & biais narratif : un combat serré en début de carrière contraste avec l’image ultérieure d’un Khabib « machine de guerre », rendant chaque coup reçu plus significatif.
Cela change-t-il l’héritage de Khabib ?
Officiellement : non. Khabib reste 29-0, avec trois défenses de ceinture avant sa retraite en 2020.
Historiquement : le débat ouvert par Rogan soulève une question plus large. L’invincibilité se mesure-t-elle par les chiffres officiels, ou par la domination incontestable dans les grands rendez-vous ? Un combat serré au début ternit-il dix années de suprématie ?
Pourquoi ce débat est-il important au-delà du simple folklore ?
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Il montre les limites de juger un sportif uniquement à son palmarès officiel.
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Il appelle à plus de transparence et de critères objectifs dans l’arbitrage.
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Il illustre l’impact des voix médiatiques influentes dans la réécriture de l’histoire.
Conclusion — La place de Khabib reste intacte, mais le débat enrichit l’histoire
Khabib Nurmagomedov demeure l’un des combattants les plus dominants et influents du MMA. Son invincibilité et sa retraite « au sommet » en témoignent. Mais rouvrir le dossier Tibau nous rappelle que l’histoire sportive n’est pas un texte figé : elle s’écrit et se réinterprète sans cesse. Rogan n’a pas changé les chiffres, mais il a posé une question essentielle : doit-on juger la grandeur uniquement à travers les résultats officiels, ou aussi à travers les zones grises des combats disputés ?